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Histoire autochtone de la région de Port Hope

Lire la reconnaissance des terres autochtones du PDH

Cette histoire autochtone nous a généreusement été fournie par les Premières Nations de Curve Lake. Références bibliographiques : Gitiga Migizi and Julie Kapyrka, 2015 Before, During, and After: Mississauga Presence in the Kawarthas, Peterborough Archaeology, Dirk Verhulst, editor, pp. 127-136. Peterborough, Ontario: Peterborough Chapter of the Ontario Archaeological Society


Les terres traditionnelles des Michi Saagiig (Anishinaabeg de Mississauga) englobent une vaste région de ce qu’on appelle aujourd’hui le sud de l’Ontario. Les Michi Saagiig sont connus comme « les peuples de l’embouchure des grandes rivières » et étaient également connus comme « les peuples du saumon » qui occupaient la rive nord du lac Ontario, là où les divers affluents se déversaient dans le lac, et pêchaient à cet endroit. Leurs territoires s’étendaient vers le nord, jusque dans la région des lacs Kawarthas et au-delà. En hiver, ils se séparaient en petits groupes et chassaient et piégeaient sur ces terres. Au printemps, ils revenaient séjourner au bord des lacs et y restaient tout l’été.

Les Michi Saagiig étaient un peuple essentiellement nomade. Ils parcouraient de longues distances pour assurer leur subsistance. Parmi les nations autochtones, ils avaient aussi la réputation d’être des  « gardiens de la paix ». Les terres natales des Michi Saagiig étaient situées directement entre deux confédérations très puissantes : La Confédération des Trois Feux, au nord, et la Confédération des Haudenosaunee, au sud. Les Michi Saagiig étaient les négociateurs, les messagers et les diplomates, et ils ont réussi à maintenir la paix dans cette région de l’Ontario pendant de nombreuses générations.

D’après la tradition orale, les Michi Saagiig habitent cette région de l’Ontario depuis des milliers d’années. Ces récits évoquent les « Anciens », qui parlaient un ancien dialecte algonquin. Ces histoires racontent que la phonologie ojibwée actuelle  est le produit d’une longue évolution ayant connu cinq grandes périodes. Les origines de cette langue remonteraient donc à des temps très anciens. Les Michi Saagiig d’aujourd’hui sont les descendants des peuples anciens qui vivaient en Ontario durant les périodes archaïque et paléo-indienne. Ce sont les premiers habitants du sud de l’Ontario, et ils sont encore là aujourd’hui.

Les territoires traditionnels des Michi Saagiig s’étendent de Gananoque à l’est, tout le long de la rive nord du lac Ontario, à l’ouest jusqu’à la rive nord du lac Érié, à Long Point. Le territoire s’étend aussi loin au nord que les affluents qui se jettent dans ces lacs, de Bancroft et au nord des hautes terres de Haliburton. Cela comprend également tous les affluents qui s’écoulent de la hauteur des terres au nord de Toronto, comme la moraine d’Oak Ridges, et toutes les rivières qui se jettent dans le lac Ontario (la Rideau, la Salmon, la Ganaraska, la Moira, la Trent, la Don, la Rouge, l’Etobicoke, la Humber et la Credit, ainsi que les ruisseaux Wilmot et 16 Mile) en passant par la baie de Burlington et la région du Niagara, y compris les rivières Welland et Niagara, et au-delà. Le côté ouest de la Nation Michi Saagiig était situé autour de la rivière Grand, qui servait de route de portage, le portage de la Niagara étant trop dangereux. Les Michi Saagiig faisaient du portage depuis l’actuelle ville de Burlington jusqu’à la rivière Grand et voyageaient vers le sud jusqu’aux eaux libres du lac Érié.

Les histoires orales des Michi Saagiig parlent également de l’arrivée de personnes sur leurs territoires entre 500 et 1000 ans après Jésus-Christ, qui cherchaient à établir des villages et une économie fondée sur la culture du maïs. Ces nouveaux arrivants comprenaient des peuples qui seront connus plus tard sous le nom de nations huronne, wendat, neutre, pétun et tabac. Les Michi Saagiig ont conclu des traités avec ces nouveaux arrivants et les ont autorisés à rester, étant entendu qu’ils étaient des visiteurs sur ces terres. Des wampums étaient fabriqués pour enregistrer ces contrats, des cérémonies liaient chaque nation à ses responsabilités respectives au sein de la relation politique, et ces contrats étaient renouvelés chaque année (voir Gitiga Migizi et Kapyrka, 2015). Ces visiteurs ont connu un grand succès puisque leur économie du maïs s’est développée et que leur population s’est multipliée. Cependant, il était entendu par toutes les nations concernées que cette région de l’Ontario était le territoire d’origine des Michi Saagiig.

La nation Odawa a travaillé avec les Michi Saagiig pour rencontrer les Hurons-Wendats, les Petuns et les Neutres afin de poursuivre les relations politiques et économiques amicales qui existaient – une relation symbiotique qui était principalement contrôlée et appliquée par les Odawas. Les Michi Saagiig ont connu des problèmes dans les années 1600, lorsque le mode de vie européen a été introduit dans le sud de l’Ontario. De plus, à peu près à la même époque, les gouvernements coloniaux de New York et d’Albany ont remis des armes à feu aux Haudenosaunee, ce qui leur a permis de conquérir des territoires appartenant aux Michi Saagiig. Ceci marque le début des escarmouches avec les différentes nations vivant en Ontario. Les Haudenosaunee se sont engagés dans des combats avec les Hurons-Wendat, ce qui, conjugué aux maladies transmises par les Européens, a décimé les peuples de langue iroquoienne de l’Ontario. Le début de la colonisation et l’arrivée des missionnaires ont gravement perturbé les relations que ces nations autochtones entretenaient à l’origine. Les maladies et les guerres ont eu un effet dévastateur sur les peuples autochtones de l’Ontario, en particulier sur les grands villages sédentaires, qui comprenaient surtout des peuples de langue iroquoienne. Les Michi Saagiig ont pu être épargnés par cette dévastation, car ils se sont retirés sur leurs territoires d’hivernage, au nord, en attendant que les tensions se dissipent.

L’aîné Michi Saagiig Gitiga Migizi* (2017) raconte ceci :

« Nous avons été moins touchés que les villages plus grands, car nous avons appris à pagayer loin pendant plusieurs années, jusqu’à ce que tout se calme. Et nous sommes revenus et avons essayé d’enterrer les ossements des Hurons, mais c’était accablant, il y en avait partout, il y avait des os partout – c’est notre histoire.

Il y a un malentendu ici, à savoir que cette région de l’Ontario ne serait pas notre territoire traditionnel et que nous serions arrivés ici après le départ ou la défaite des Hurons-Wendats, mais ce n’est pas vrai. C’est une interprétation complètement fausse de notre histoire et il faut la corriger. Nous sommes le peuple traditionnel, nous sommes ceux qui ont signé des traités avec la Couronne. Nous sommes reconnus comme ceux qui ont signé ces traités et c’est avec nous qu’il faut traiter officiellement pour toute question concernant le territoire du sud de l’Ontario.

Nous avons envoyé des pacificateurs chez les Haudenosaunee et nous avons vécu parmi eux afin de changer leurs habitudes. Nous avons également eu des échanges diplomatiques avec certains des chefs puissants du nord et avons essayé de faire la paix autant que possible. Nous avons donc joué un rôle de premier plan pour maintenir l’équilibre des relations et l’harmonie.

Certains des anciens chefs ont admis qu’il était devenu de plus en plus difficile de maintenir la paix après que les Européens aient introduit des fusils. Mais nous avons continué à nous rencontrer, et nous avons continué à avoir des wampums, ce qui ne veut pas dire que nous avons renié notre territoire ou que nous l’avons abandonné – nous n’avons pas fait cela. Nous estimons toujours être une nation souveraine, et ce, malgré les contestations juridiques. Nous nous considérons toujours comme une nation et le gouvernement doit négocier sur cette base. »

Souvent, le sud de l’Ontario est décrit comme étant « vacant » après la dispersion des Hurons-Wendats en 1649 (qui ont fui vers l’est au Québec et vers le sud aux États-Unis). Cette description est trompeuse, car ces territoires sont restés les terres d’origine de la nation Michi Saagiig.

De 1781 à 1923, les Michi Saagiig ont participé à dix-huit traités pour permettre au nombre croissant de colons européens de s’établir en Ontario. Les pressions exercées par la colonisation accrue ont forcé les Michi Saagiig à se déplacer lentement en petits groupes familiaux autour des communautés actuelles : Première nation de Curve Lake, Première nation de Hiawatha, Première nation d’Alderville, Première nation de Scugog Island, Première nation de New Credit et Première nation de Mississauga.

Les Michi Saagiig sont présents en Ontario depuis des milliers d’années, et ils y sont encore aujourd’hui.


* Contexte historique fourni par : Gitiga Migizi, aîné respecté et gardien du savoir de la Nation Michi Saagiig.

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